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20 mars 2012 2 20 /03 /mars /2012 09:11

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LE MAINTIEN, LA GESTUELLE, L’APPARENCE  DEPARTAGERONT-ILS LES CANDIDATS A LA PRESIDENTIELLE ? Les lunettes et l’étrange coiffure d’Eva Joly, les apostrophes brutales de  Nicolas Sarkozy, la cure amaigrissante de François Hollande ont contribué à faire l’opinion. Il faut aller bien au-delà de cette première approche.

 

 

    Vue à la loupe du savoir-vivre, la campagne présidentielle est tout à fait surprenante. La quasi totalité des candidats ont certes suivi des séances de média training intensifs. Presque tous maîtrisent désormais l’art oratoire. Certains s’en délectent même. Les grandes réunions publiques de Nicolas Sarkozy, de François Hollande ou de Jean-Luc Mélenchon sont d’une belle qualité rhétorique et, à chaque fois, ces candidats  dominent leurs contradicteurs lors des  débats télévisés. Alors pourquoi, trop souvent,  tant de négligence dans l’apparence et dans le maintien ?        

              

    L’élection présidentielle n’est pas un concours d’élégance. Le raffinement est peut-être même contre-productif : cela n’a pas été le moindre handicap de Laurent Fabius. Mais on peut néanmoins légitimement demander aux candidats de porter des vêtements qui leur aillent et qu’ils les portent avec aisance. Cela peut être des costumes de coupe soignée comme ceux de Nicolas Sarkozy ou un jean et un pull comme le faisait Olivier Besancenot. Dans ces deux cas-là il y a cohérence entre la personnalité, le discours et les idées. De même façon, la garde-robe 4ème République de Jean-Marie Le Pen, la  pochette fleurie, s’harmonisait  bien au personnage.  Inutile de dire que d’autres ont un effort à faire…

 

     On peut être bien habillé et ne pas savoir se tenir droit, marcher ou s’asseoir. C’est un point essentiel dans la perception que l’on a d’un personnage public. Nicolas Sarkozy distribue des bourrades à tout-va comme il tutoie la terre entière. C’est sa nature, dit-on dans son entourage, mais est-ce la nature d’un Président de la République ? Laissons de côté ce point bien connu, au même titre que ces célèbres invectives aux agriculteurs et aux pêcheurs qui lui ont fait tant de tort dans l’opinion. Et intéressons-nous à son maintien. Pourquoi martèle-t-il aussi fortement le sol pour avancer, pour escalader des marches ?  Une vidéo-culte pour tous ceux qui s’intéressent au  maintien : l’interview croisée des Présidents français et américain, le 4 novembre 2011,  par Laurence Ferrari et David Pujadas. Nicolas Sarkozy et Barak Obama sont assis côte à côte dans des fauteuils à accoudoirs. L’Américain s’est assis dans les normes de l’élégance : le buste droit et détaché du fauteuil, la jambe droite inclinée de telle sorte que les pieds se rejoignent sans se toucher, les coudes posés à l’angle sur les accoudoirs, la paume d’une main reposant sur l’autre. Le Français, bien calé au fond de son siège, ouvre grand les cuisses, les pieds écartés, les coudes dépassant de chaque accoudoir, les mains déployées sur les genoux. Le contraste est saisissant. Durant les quelque 23 minutes que dure la séquence, jamais le corps de l’Américain ne bouge. Seul un mouvement de la main vient de temps à autre appuyer sobrement le propos. En revanche  son voisin ne tient pas en place, donne du bras et de l’épaule pour accompagner son discours. Le plus frappant : Barak Obama tourne le visage du côté de Nicolas Sarkozy à chaque fois que celui-ci parle, il est dans une position d’écoute emplie d’attention et de politesse tandis que le président français ne regarde que la caméra, les mâchoires crispées. Barak Obama attentif sourit et sait enjôler s’il le faut. Nicolas Sarkozy rigide garde le masque de la tragédie.

 

    Comparons maintenant l’attitude de François Hollande dans ses derniers meetings et celle de François Mitterrand juste avant l’élection présidentielle de 1981. Contrairement à ce qu’on lit et à ce qu’on dit partout, le maintien et la gestuelle des  deux n’ont rien à voir : les comportementalistes comparent et rapprochent à tort des manifestations sans rapport de nature entre elles (effets de tribune, conférences de presse, meetings).  Qu’il y ait quelques effets oratoires identiques, certes. Mais ce n’est rien touchant à l’essentiel : pour être précis il faut comparer le comparable, en l’occurrence, dans le cas qui nous occupe, rapprocher les vidéos des grandes manifestations publiques de 1981 et de 2012. A cette époque François Mitterrand a réduit sa gestuelle au minimum. Au pupitre le corps reste bien droit, entièrement porté par son point de gravité naturelle. Tout est dans le visage. Chaque expression compte. Les mains posées de chaque côté du pupitre assoient l’architecture du corps : un pont solide et inébranlable. Que le costume soit foncé ou clair, une cravate, souvent bordeaux, structure l’axe central. Tout le contraire de François Hollande qui se multiplie en des effets de pantomime terriblement contre-productifs. Les mimiques dont il accompagne ses paroles ne les accréditent pas. Bien au contraire elles sont assimilées à une attitude affectée et jettent le doute sur la sincérité du personnage, donc de son engagement. Le mélange des genres

 -d’un côté l’autorité du tribun, de l’autre la jovialité de l’amuseur- n’est pas fait pour rassurer le citoyen. A quelques jours de l’élection, il est urgent pour le candidat socialiste de gagner en gravité et en cohérence, de «faire président » comme dit son adversaire.                 

 

   Le dernier point déterminant tient à la communication orale en dehors des prises de parole publiques. L’omniprésence de systèmes d’enregistrement a causé de nombreux  désagréments aux candidats. Nicolas Sarkozy a payé un très lourd tribut,  on l’a rappelé plus haut, à cet égard. Les propos « off » de François Hollande lui reviennent parfois en boomerang et chacun cherche à piéger ses contradictions. Mais, en dehors de leur contenu, c’est la forme de ces propos qui caractérise et stigmatise l’imprudent homme politique. Jean-Luc Mélenchon, dans les débuts de sa campagne, a fait les frais de son agressivité  hargneuse.

 

     Je posais la question de savoir si le maintien, la gestuelle, l’apparence influeraient sur les résultats. De fait ils ont déjà agi en faveur de celui qui a su se réformer. Jean-Luc Mélenchon  a eu l’intelligence d’abandonner ses invectives gratuites à l’égard de la presse et d' adopter un comportement public qui le rapproche des grands chefs socialistes de la légende, Léon Blum et Jaurès. Le meeting du 18 mars 2012. Il fait irrésistiblement penser au meeting le plus célèbre de Jaurès, celui du 24 mai 1913 au Pré-Saint-Gervais. Comparez les photos : le même maintien, la même gestuelle sous la même forêt de drapeaux rouges et tricolores. Une immense foule de 120.000 personnes dans les deux cas !  La scansion appuyée, incandescente, est également celle de Jaurès, telle que l’évoquent les témoins de l’époque. L’histoire a bonne mémoire !

 

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  • Marie-France Lecherbonnier est  auteure, designer et conférencière. Elle anime des séminaires et formations continues en matière de Protocole et Savoir-Vivre en Europe, Asie et Afrique
Présentatrice du magazine télévisé « art de vivre »
  • Marie-France Lecherbonnier est auteure, designer et conférencière. Elle anime des séminaires et formations continues en matière de Protocole et Savoir-Vivre en Europe, Asie et Afrique Présentatrice du magazine télévisé « art de vivre »

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