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3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 16:47

Le Savoir-vivre et le Protocole vous intéressent ? Vous voulez en savoir plus ?  Consultez le site de notre Association  www.savoirvivreplus.com 

 

 

mflecherbonnier@hotmail.fr

LES USAGES DE LA CORRESPONDANCE AU 17ème siècle : enveloppes, papier, formules de politesse.

    

       Chaque semaine je reçois plusieurs questions portant sur l’art épistolaire au 17ème siècle.  Je ne sais d’où vient cette curiosité mais j’y réponds d’autant plus volontiers que le sujet, assez méconnu, peut intéresser un public  élargi à tous ceux qui s’interrogent sur les règles de la correspondance.

      Ma source est le Nouveau Traité de la Civilité d’Antoine de Courtin (1671), le premier manuel de savoir-vivre à avoir établi et fixé le code de la correspondance en France.  Longtemps, j’ai dû me satisfaire de son édition originale. Par bonheur, en 1998, Marie-Claire Grassi en a produit une  édition commentée aux Publications de l’Université de Saint-Etienne que chacun peut se procurer.

    La question de la correspondance occupe le chapitre XXV sous l’intitulé : Ce qu’il faut observer en écrivant des lettres et des  préceptes pour apprendre à les écrire.  

    Afin de simplifier l’accès aux contenus de ce chapitre, je les traite ci-dessous sous la forme de questions et de  réponses.

Quelle enveloppe utiliser ?      

    Il est conseillé de glisser une lettre dans une enveloppe. Une dame de qualité cachette sa lettre avec de la soie.

Quel papier utiliser ?

    La taille du papier tient en grande partie à la distinction de la personne à qui on écrit. Pour s’adresser à un supérieur, on utilise toujours du grand papier.

   On n’utilise jamais de papier simple. La lettre comporte toujours une double feuille, même lorsque c’est du petit papier.

Comment écrire la formule d’appel ?

  Toujours  en toutes lettres : Monseigneur, Monsieur...On laisse un grand blanc avant le corps de la lettre. L’ampleur de ce blanc peut varier selon l’importance du destinataire. Ne jamais lier grammaticalement  la formule d’appel à la première phrase de la lettre.

  Exception est faite à ce principe dans les billets courts à la condition de faire précéder la formule d’appel d’une attaque de phrase : « Vous m’avez demandé, Monseigneur, de.. »

 

Comment reprendre la formule d’appel dans le corps de la lettre ?

 Le principe est de répéter le plus souvent possible le titre du destinataire dans le corps de la lettre (Monseigneur, Monsieur…) en veillant bien à ne pas répéter deux fois l’appellation dans la même phrase. Ne jamais abréger sauf pour Votre Altesse (V.A) et Votre Excellence (V.E). Ne jamais accoler le pronom moi au titre destinataire.

 Pour les très hautes personnalités, il est conseillé d’utiliser la 3ème personne dans le corps de la lettre.

Comment rédiger la formule de politesse ?

  La formule de politesse achève une longue période à laquelle elle est sémantiquement liée (voir l’exemple ci-dessous).

  Elle  se termine en s’étageant sur trois ou quatre paliers :

  Monseigneur,

                          De votre Eminence,

                                                             Le très humble et très

                                                                                                   Obéissant serviteur

A des égaux on adresse en général des « baisemains » en adoptant cette formule :

Vous agréez que je fasse mes très humbles baisemains à Monsieur, et à Madame..

Où placer les indications de date et de lieu ?

 Toujours à la fin de la lettre et à gauche du papier. Il est malséant de placer ces données au début et à droite comme on le fait aujourd’hui.

Dans quel style écrire ?

  C’est la grande préoccupation de l’époque où l’on multiplie les distinctions selon les niveaux de hiérarchie et de subordination entre l’auteur et le destinataire de la lettre et selon le sujet traité. Pour simplifier à l’extrême, retenons qu’il existe quatre styles fondamentaux qui ont chacun leurs contraintes dans l’emploi des termes, la construction des phrases, le ton choisi. Ces quatre styles sont le style simple, le style figuré, le style grave et le style sublime.

 Antoine de Courtin se livre à une subtile analyse rhétorique de ces quatre manières : je recommande aux esprits curieux de se plonger dans l’édition de Marie-Claire Grassi pour en savoir plus.

 

Un modèle de lettre    

   Courtin cite plusieurs modèles de lettres dans son ouvrage. En voici un, une lettre de civilité écrite par Voiture dans le style grave, qui rassemble toutes les qualités requises par les usages du 17ème siècle :

     Monseigneur,

    J’ai appris la faveur qu’il a plu à votre Eminence de me faire, et avec quelle bonté et quels témoignages de bienveillance elle m’a fait accorder la grâce dont j’avais pris la liberté de supplier le roi. Puisque je connais par là, Monseigneur, que dans les plus importantes affaires, V.E. ne laisse pas de se souvenir de ses moindres serviteurs et qu’en faisant de plus grandes choses, elle ne néglige pas les plus petites, je crois qu’elle n’aura pas désagréable la hardiesse que je prends, de lui rendre les très humbles grâces que je lui dois, et qu’elle daignera prendre la peine de lire la protestation que je lui fais ici, qu’outre le respect et la vénération que nous devons tous à une personne qui a acquis et acquiert tous les jours tant de gloire à cet état, j’aurais toujours une passion très particulière de témoigner par toutes les actions de ma vie, que je suis,

Monseigneur,

                     De votre Eminence,

                                                      Le très humble et très

                                                                                            Obéissant serviteur       

Comment recevoir et lire une lettre ?

 Si la personne qui remet la lettre est d’un rang élevé, on ne lit pas la lettre devant elle sauf si ladite lettre concerne une question qui a trait à elle. Alors il faut, au contraire, la lire en sa présence tout en s’excusant de le faire.

  Si une lettre est remise à un destinataire en la présence d’autres personnes, il faut soit la lire à haute voix, soit se retirer pour la lire à part. Néanmoins la politesse veut que l’on  fasse savoir aux personnes présentes la nature et le contenu du message sans entrer pourtant dans le détail.

   Rien de plus impoli que de commencer à lire à haute voix une lettre en public et s’interrompre en cours de route.

© Marie-France Lecherbonnier

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commentaires

T
Bonjour, <br /> Voila je dois faire un exposer sur la confidentialite du courrier et la censure au 17-18-19 eme siecle et les periodes des conflit(guerre1,guerre2) pouvais vous m en dire plus sur la confidentialite au 17-18-19eme siecle ? Et les periodes des conflit?<br /> merci de me repondre tres rapidement.<br /> cordialement
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  • Marie-France Lecherbonnier est  auteure, designer et conférencière. Elle anime des séminaires et formations continues en matière de Protocole et Savoir-Vivre en Europe, Asie et Afrique
Présentatrice du magazine télévisé « art de vivre »
  • Marie-France Lecherbonnier est auteure, designer et conférencière. Elle anime des séminaires et formations continues en matière de Protocole et Savoir-Vivre en Europe, Asie et Afrique Présentatrice du magazine télévisé « art de vivre »

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