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D’OU VIENNENT LES MOTS ET LES CONCEPTS : BONNES MANIERES, CIVILITE, GALANTERE, POLITESSE, SAVOIR-VIVRE ?
Le mot manière (dérivé de main) désigne le comportement humain en société dès la fin du 12ème siècle. Il s’utilise surtout au pluriel. On dit « avoir des manières » (être distingué), « manquer de manières » (être impoli), « donner des manières à quelqu’un » (l’éduquer). Le mot manières admet de nombreux qualificatifs de valeur positive ou négative : manières élégantes, raffinées, distinguées, choquantes, grossières, frustres... C’est au 17ème siècle, à la cour de Versailles, qu’apparaît l’expression les belles manières pour désigner les usages du monde. Bonnes manières se substituera ensuite à belles manières, ressenti comme un peu vieillot. « Les manières…sont souvent ce qui fait que les hommes décident de vous en bien ou en mal. » (La Bruyère)
Le mot civilité fait son entrée dans la langue française en 1370.C’est un calque du mot latin civilitas qui voulait dire « sociabilité », « courtoisie ». Le terme de civilité prend son essor au 16ème siècle avec les « traités de civilité puérile et honnête » destinés à l’éducation des enfants. De fait il s’agit des premiers manuels de savoir-vivre. Au pluriel, dans un lange soutenu, les civilités désignent depuis le 17ème siècle les démonstrations de politesse (salutations, compliments, hommages). L’antonyme incivilité est aussi un calque du latin incivilitas (violence, brutalité) : il est attesté en 1408. Ce mot a pris dès le
16ème siècle le sens de « manque de courtoisie ». Un peu oublié, il a renoué, au pluriel, avec son sens ancien (graves incorrections, violences verbales ou autres) à une époque récente : les incivilités sont aujourd’hui des infractions à l’ordre public et font l’objet de mesures réglementaires depuis la loi de 2006 sur l’Egalité des chances qui les définit ainsi : « désordres et comportements d’inconduite qui …constituent des manques aux règles élémentaires de la vie en société ».
Le mot galanterie surgit en 1535. Il désigne une conduite vive, empressée et frondeuse, sens conforme à son origine puisque le verbe galer d’où il provient voulait dire « « s’amuser ». Vers 1610, il prend le sens de manières élégantes. Il s’agit surtout des manières usitées par les hommes pour séduire les femmes. On parle de «propos galants». La galanterie s’est ainsi confondue à la courtoisie témoignée aux femmes en vue de se faire valoir à leurs yeux. Au féminin, une galante se dit une femme qui recherche des liaisons ou qui nourrit des intrigues amoureuses. Un Vert galant désignait autrefois un bandit posté dans les bois. On surnommé Henri IV le Vert galant à cause du danger qu’il incarnait envers la vertu des femmes.
Politesse vient de l’italien pulitezza. Attesté en français dans le dernier quart du 16ème siècle, il a d’abord le sens de « propreté », ce qui est conforme à son étymologie (polito voulait dire propre, lisse). Vers 1660 la politesse désigne le bon goût d’un individu : on attribue surtout cette qualité aux personnes élégantes et cultivées qui s’expriment de façon remarquable. A la fin du 17ème siècle la politesse a pris son sens moderne de conformité aux usages du monde qui régissent le comportement à adopter en société, aux convenances. L’antonyme impolitesse a suivi la même évolution sémantique (d’abord caractère de ce qui est sale, ensuite mépris des usages). Au pluriel, les impolitesses désignent des manifestations de goujaterie ou de sans-gêne.
« La politesse est à l’esprit ce que la grâce est au visage » (Voltaire)
Le savoir-vivre apparaît au 16ème siècle dans le sens de « art de bien diriger sa vie. » Il ne prend le sens de « bonnes manières » qu’au 17ème siècle. Le 19ème siècle le préférera souvent à « bonnes manières » qui, aujourd’hui, semble reprendre l’avantage. « Ce n’est qu’en fréquentant la société qu’on apprend le savoir-vivre » (Boileau)
Marie-France Lecherbonnier