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1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 15:38

Le Savoir-vivre et le Protocole vous intéressent ? Vous voulez en savoir plus ?  Consultez le site de notre Association  www.savoirvivreplus.com

 

 

mflecherbonnier@hotmail.fr

 

 

 

D’OU VIENNENT LES MOTS ET LES CONCEPTS : BONNES MANIERES, CIVILITE, GALANTERE, POLITESSE, SAVOIR-VIVRE ?

 

     Le mot manière (dérivé de main) désigne le comportement humain en société dès  la fin du 12ème siècle. Il s’utilise surtout au pluriel. On dit « avoir des manières » (être distingué),  « manquer de manières » (être impoli), « donner des manières à quelqu’un » (l’éduquer). Le mot manières  admet de nombreux qualificatifs de valeur positive ou négative : manières élégantes, raffinées, distinguées, choquantes, grossières, frustres... C’est au 17ème siècle, à la cour de Versailles, qu’apparaît l’expression les belles manières  pour désigner les usages du monde. Bonnes manières  se substituera ensuite à belles manières, ressenti comme un peu  vieillot. « Les manières…sont souvent ce qui fait que les hommes décident de vous en bien ou en mal. » (La Bruyère)  

 

    Le mot civilité  fait son entrée dans la langue française en 1370.C’est un calque du mot latin civilitas  qui voulait dire « sociabilité », « courtoisie ». Le terme de civilité prend son essor au 16ème siècle avec les « traités de civilité puérile et honnête » destinés à l’éducation des enfants. De fait il s’agit des premiers manuels de savoir-vivre. Au pluriel, dans un lange soutenu, les civilités désignent depuis le 17ème  siècle les démonstrations de politesse (salutations, compliments, hommages). L’antonyme incivilité  est aussi un calque du latin incivilitas  (violence, brutalité) : il est attesté en 1408. Ce mot a pris dès le

16ème siècle le sens de « manque de courtoisie ». Un peu oublié, il a renoué, au pluriel,  avec son sens ancien (graves incorrections, violences verbales ou autres) à une époque récente : les incivilités sont aujourd’hui des infractions à l’ordre public et font l’objet de mesures réglementaires depuis la loi de 2006 sur l’Egalité des chances qui les définit ainsi : « désordres et comportements d’inconduite qui …constituent des manques aux règles élémentaires de la vie en société ».

 

    Le mot  galanterie surgit en 1535. Il désigne une conduite vive, empressée et frondeuse, sens conforme à son origine puisque le verbe galer d’où il provient voulait dire « « s’amuser ». Vers 1610, il prend le sens de manières élégantes. Il s’agit surtout des manières usitées par les hommes pour séduire les femmes.  On parle de «propos galants». La galanterie s’est ainsi confondue à  la courtoisie témoignée aux femmes en vue de se faire valoir à leurs yeux. Au féminin, une galante se dit une femme qui recherche des liaisons ou qui nourrit des intrigues amoureuses. Un Vert galant désignait autrefois un bandit posté dans les bois. On surnommé Henri IV le Vert galant à cause du danger qu’il incarnait envers la vertu des femmes.     

 

    Politesse  vient de l’italien pulitezza. Attesté en français dans le dernier quart du 16ème siècle, il a d’abord le sens de « propreté », ce qui est conforme à son étymologie (polito voulait dire propre, lisse). Vers 1660 la politesse  désigne  le bon goût d’un individu : on attribue surtout cette qualité aux personnes élégantes et cultivées  qui s’expriment de façon remarquable. A la fin du 17ème siècle la politesse a pris son sens moderne de conformité aux usages du monde qui régissent le comportement à adopter en société, aux convenances.  L’antonyme impolitesse a suivi la même évolution sémantique (d’abord caractère de ce qui est sale, ensuite mépris des usages).  Au pluriel, les impolitesses désignent des manifestations de goujaterie ou de sans-gêne.

« La politesse est à l’esprit ce que la grâce est au visage » (Voltaire)

 

     Le savoir-vivre apparaît au 16ème siècle dans le sens de « art de bien diriger sa vie. » Il ne prend le sens de « bonnes manières » qu’au 17ème siècle. Le 19ème siècle le préférera souvent à « bonnes manières » qui, aujourd’hui, semble reprendre l’avantage.  « Ce n’est qu’en fréquentant la société qu’on apprend le savoir-vivre » (Boileau)

 

 

Marie-France Lecherbonnier

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25 septembre 2012 2 25 /09 /septembre /2012 09:46

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mflecherbonnier@hotmail.fr

 

 

 

LE GUIDE DU SAVOIR-VIVRE EN SOCIETE, AU BUREAU, CHEZ SOI  vient de paraître aux Editions Nomad (septembre 2012). Marie-France Lecherbonnier, pourquoi avoir écrit un nouveau guide du savoir-vivre après ceux que vous avez déjà publiés ?

 

Mes livres précédents ont plus de quinze ans ! Il était temps de mettre les pendules à l’heure. La société a beaucoup évolué. Le  savoir-vivre aussi. Je reçois des milliers de questions sur mon blog chaque mois et je me rends bien compte des besoins de mes lecteurs.

 

Le savoir-vivre, n’est-ce pas un ensemble de règles intangibles ?    

 

Il y a des codes et des usages qui traversent le temps et qu’il faut connaître. Les formules de politesse, les manières de table évoluent peu. On ne peut toutefois pas dire qu’elle n’évoluent pas du tout. Il faut apprendre et respecter les traditions. Ce qui n’empêche pas de découvrir les tendances.

 

Prenons le cas des cartes de visite. Voici un support traditionnel ancré dans les mœurs depuis plus d’un siècle. Toutefois, presque plus personne ne présente sa carte de visite comme autrefois. J’explique ce qu’il convient de garder du passé et comment adapter ce support aux temps modernes, tant dans la vie privée que dans la vie professionnelle.

 

Même dans la vie quotidienne de vieilles habitudes ont bougé. N’avez-vous pas remarqué que la bise « en l’air » a en grande partie supplanté le baiser sur la joue ?

 

Certains pans du savoir-vivre ont-ils disparu en quinze ans ?  

 

Oui, par exemple tout ce qui a trait au tabac. La cigarette et le cigare faisaient encore partie de la vie sociale à la fin du vingtième siècle. Leur usage a été banni des restaurants, des bureaux, de tous les lieux publics.

 

De nouveaux usages sont apparus ?

 

Un grand nombre de nouveaux codes ont pris place dans la société et ont abouti à la généralisation de règles unanimement adoptées. L’exemple le plus frappant est celui de la Nétiquette : il s’agit des règles de savoir-vivre auxquelles se contraignent les Internautes dans la rédaction du courrier électronique et dans leur participation aux forums. La Nétiquette a donné une nouvelle jeunesse à l’art de la correspondance qui déclinait peu à peu. On ne s’est jamais autant écrit, on est très attentif au respect des nouveaux  usages internationaux.

 

Quelle est actuellement la demande sociale la plus forte autour du savoir-vivre ?

 

La politesse, la politesse, la politesse. Certains auteurs ont proclamé la mort de la politesse ! Quelle erreur ! Je reçois quotidiennement des centaines de questions concernant la politesse : dans la correspondance, dans la rue, au travail, en famille, comment doit-on dire ou faire à tel ou tel moment ? Comment saluer telle ou telle personne ? Comment présenter une lettre, une invitation, un faire part…

 

Est-ce lié à la lutte contre les incivilités ?  

 

La lutte contre les incivilités dépasse par sa gravité le cadre de la politesse ordinaire. J’en parle  dans mon livre et aussi dans mes séminaires. C’est un problème lourd que l’on ne peut traiter qu’à la condition de le prendre par le bon bout. Ce qui est rare ! On en a fait une question de sociologie alors que des solutions pratiques existent. Un de mes prochains ateliers phares concernera la lutte contre les incivilités.   

 

Tous les hommes de la planète doivent-ils adopter le même savoir-vivre ?

 

Certainement pas ! Chaque société a ses mœurs et j’insiste beaucoup dans mon Guide du savoir-vivre, sur la nécessité d’apprendre et de respecter les usages des pays où l’on se rend en voyage ou avec lesquels on souhaite travailler. Je présente de nombreux exemples à ce sujet : comment saluer et accueillir, quel cadeau offrir, quels sujets de conversation éviter. Le respect réciproque est la base même de la civilisation. Je travaille depuis de longues années avec des Japonais, des Libanais, des Canadiens, des Africains : j’ai autant appris d’eux qu’ils ont appris de moi.

 

Toutefois, il existe, pour les relations internationales, un savoir-vivre communément admis. Pour l’essentiel ce savoir-vivre est bâti sur les usages français. D’où l’intérêt de mes nombreux correspondants étrangers pour l’histoire et les exigences de notre art de vivre.

 

Est-ce cela qu’on appelle le protocole ?

 

Non, le protocole, c’est l’ensemble des règles qui régissent les relations des élus et des personnalités dans la sphère publique. J’y consacre un grand nombre d’articles. En effet, il existe des liens forts entre savoir-vivre et protocole, en particulier au niveau des préséances et dans la conduite des cérémonies.

 

Le protocole intéresse vivement les Français. On a pu le constater lors de la dernière élection présidentielle et à l’occasion du jubilée de la reine d’Angleterre. 

 

Quels sont vos nouveaux projets ?  

 

Bientôt je publierai des applications pour téléphonie mobile.

 

Je veux surtout me consacrer au coaching, à la formation et à l’enseignement. La transmission naturelle de génération à génération ne s’effectue plus comme autrefois. La promotion sociale et professionnelle est souvent freinée par des manques importants qu’une remise à niveau adaptée est parfaitement apte à combler. Sous forme de déjeuners de travail, de rencontres et de cours, je transmets mes connaissances et mon expérience, notamment dans le cadre de l’Association pour le rayonnement du savoir-vivre, que je préside.    

 

Marie-France Lecherbonnier

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9 septembre 2012 7 09 /09 /septembre /2012 21:43

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mflecherbonnier@hotmail.fr

 

MORALE ET SAVOIR-VIVRE.

Le débat qui agite l’institution scolaire sur la réintroduction de la morale dans les programmes n’est pas sans intéresser le statut du savoir-vivre dans la société.

 

Il est indéniable qu’au 16ème siècle les premiers traités de savoir-vivre (appelé alors « civilité ») étaient inspirés par la morale chrétienne. Destinés aux enfants, ils traduisaient en actes les préceptes bibliques. Au nom d’une théorie normative du bien et du mal ils désignaient ce qu’il fallait faire ou ne pas faire en toutes circonstances. A la maison, dans les relations sociales, dans sa propre intimité, tout était fixé de façon définitive sans la moindre discussion.

 

Ensemble d’injonctions à suivre de façon absolue, la morale chrétienne s’imposera  à tous des siècles durant. Même les philosophes des Lumières  adhèrent  à cette conception en précisant de plus que la raison confirme  cette vision : « La morale est la même chez tous les hommes qui font usage de leur raison. La morale vient donc de Dieu comme la lumière.»  (Voltaire, Dictionnaire philosophique). Le savoir-vivre suit le même chemin que la morale : renforcé sous Louis XIV par les principes de l’étiquette, il règle la totalité des convenances publiques et privées : les manuels de civilité contemporains, comme celui d’Antoine de Courtin, publié en 1671, l’attestent.  

 

Ce n’est qu’au 19ème siècle qu’une nouvelle conception  apparaît. Le mot « morale » se rapproche de son cousin, le mot « mœurs ». La morale serait l’ensemble des habitudes et des valeurs telles qu’elles structurent une société donnée. Ainsi le relativisme s’introduit-il dans un champ jusqu’alors dominé par l’absolutisme.  Durkheim écrit : « Pour chaque peuple, à un moment déterminé de son histoire, il existe une morale. » (Le Déterminisme du fait moral). Dorénavant on considèrera que  la morale est différente selon les civilisations et  évolutive selon les époques.

 

Il est clair que la conception moderne du savoir-vivre a suivi la même évolution que celle de la morale. Désormais on admet d’une part que chaque société peut avoir des règles comportementales différentes, d’autre part que ces règles sont appelées à se transformer dans le temps. Le respect des différences, et la tolérance qui en est l‘apanage, fait partie de l’éthique moderne.

 

Ce relativisme général n’implique pas que toutes les sociétés doivent remettre en cause leur propre savoir-vivre, base indispensable de la civilité et de la convivialité. Chaque société a ses règles et il importe tout à la fois de les cultiver et de les faire évoluer.  

Un danger nouveau menace nos sociétés contemporaines : la rivalité de plusieurs savoir-vivre dans la même société. Il est normal que lorsqu’elles se meuvent dans leur espace identitaire (famille, amis, lieux de culte…), des communautés venues d’ailleurs veuillent vivre à leur manière. En revanche il est tout aussi normal que dans leurs relations avec le pays d’accueil et ses citoyens, elles vivent dans le respect de ses mœurs.     

 

Existe-t-il au-delà de ces règles particulières un universel du savoir-vivre ?  Les sociétés partagent  un socle commun d’attitudes : saluer, accueillir, échanger, converser, recevoir…Sur  cette base s’est créé un savoir-vivre international fondé sur des référentiels communs.  Politesse mondialisée qui contribue à fluidifier les relations entre des individus originaires de diverses civilisations mais qui n’a pas pour objectif  d’uniformiser leurs manières de vivre spécifiques. En revanche dans des secteurs particuliers peuvent émerger des pratiques internationales unanimement adoptées : les relations diplomatiques et consulaires sont gérées par un code unique (les Conventions de Vienne); les comportements des internautes sont régis uniformément par la Nétiquette.     

  

© Marie-France Lecherbonnier

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1 septembre 2012 6 01 /09 /septembre /2012 10:32

 

 

 

 

QUELS VERRES CHOISIR POUR METTRE EN VALEUR ET APPRECIER LES VINS ?

 

 

Les catégories de verres

 

Il existe une grande variété de verres qui se distinguent par leur forme, leur taille, leur usage et leur matière. Les ser­vices de verres proposés par les fabricants comportent en général des verres à bordeaux, à vin blanc, à eau, des coupes ou des flûtes à champa­gne, des verres à cognac de petit ou grand modèle, des verres à whisky et à porto.

 

Pour l’élégance d’une table traditionnelle, il est recom­mandé que les quatre verres de base (eau, vin rouge, vin blanc, coupe ou flûte) soient en cristal et appartien­nent au même service. Afin de don­ner du caractère à son décor de table, on pourra y inclure des verres de couleur dont la qualité rivalise avec celle des services reconnus.

 

L’ordre des verres

 

L’ordre des verres, de gauche à droite, dans un grand dîner : la coupe ou la flûte de champagne, le verre à eau éventuellement décalé (le grand), le verre à bourgogne ou à bordeaux (ils n’ont pas exactement la même forme), le verre à vin blanc (le petit). Le verre à champagne peut se trouver non à gauche mais à droite de l’alignement si le champagne est servi au début et non à la fin du repas. Il peut aussi se décaler derrière.  

     

La forme des verres

 

Les amateurs de vin sont très sour­cilleux sur la forme des verres.

 

Ces formes ne doivent rien au hasard ni à la mode :

Un vin rouge jeune a besoin d’être « heurté » : il faut donc casser les molécules pour qu’il se révèle. D’où le choix judicieux d’un verre au buvant resserré et à la paraison anguleuse.

Un bon vin  blanc dégage ses arômes difficilement. Ils ont besoin de temps pour se livrer. On choisira de préférence une paraison longue en forme de cheminée. La jambe doit être longue afin d’éviter tout contact de la main avec la paraison et par conséquent tout réchauffement manuel.

Un vieux vin rouge est fragile. Il lui faut un verre de forme ronde et ample qui favorise la libération délicate des arômes complexes qu’il renferme.

 

 

Les grands classiques

 

Le verre ballon a l’avantage de guider le vin vers le bout et le centre de la langue.  Le grand ballon est conseillé pour le Bourgogne et le Cabernet. Le moyen pour le Chardonnay et le Côtes du Rhône, le petit pour le Pinot noir, le Beaujolais et le Gamay.

 

La grande tulipe, bien adaptée aux vins tanniques oriente le liquide vers le fond de la langue et s’emploie pour le Sauvignon, le Merlot, le Bordeaux, le Saint-Emilion.

 

La petite tulipe guide le vin vers toutes les papilles gustatives de la langue et s’emploie donc pour un grand  nombre de  rouges, de blancs et de rosés : Cabernet, Sauvignon, Merlot, Bordeaux, Médoc, Chianti, vins américains et  australiens.

 

La lyre, grande ou moyenne, est conseillée pour les vins fruités à forte acidité comme certains vins blancs. Le vin est alors guidé vers le bout de la langue qui recueille en priorité l’impression de sucré, ce qui  diminue la sensation d’acidité.

 

Comment se tient un verre à vin pour la dégustation?

 

Les verres se tiennent toujours par le pied. Le vin jeune se remue vivement, le vin blanc se remue doucement, Le vin  rouge vieux s’aère par un mouvement circulaire.      

 

© Marie-France Lecherbonnier

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29 août 2012 3 29 /08 /août /2012 09:29

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COMMENT SERVIR  LE VIN A TABLE ?

L’époque des vendanges rappelle  les plaisirs du vin. Quelles sont les règles pour déguster dans les meilleures conditions un bon vin ?

 

Fragile, le vin ne donne pleinement satisfaction au palais que si on le traite avec tout le respect qu’il mérite avant de le consommer : pas de bouteille qui séjourne longtemps dans un réfrigérateur, pas de glaçons jetés dans un verre.

 

Combien de verres par personne ?

 

Sur une table de qualité, au cours d’un dîner de fête ou d’apparat, peuvent se côtoyer plusieurs verres par personne : en haut, à gauche de l’assiette, le verre à eau (le grand, rempli aux deux tiers à l’ar­rivée des convives), puis, dans l’or­dre, le verre pour le vin rouge (le moyen), le verre pour le vin blanc (le petit), la coupe ou la flûte à champa­gne.

 

Qui  sert le vin ?

 

Quand on reçoit chez soi, c’est le maître de maison qui sert le vin. Après s’être versé un fond de verre pour s’assurer de la qualité du pro­duit, il sert, par la droite, chacun de ses invités en emplissant les verres aux deux tiers.

Si le maître de maison, du fait de son éloignement ou de l’importance de l’assistance, ne peut le faire, les hommes présents à une réception ser­viront leurs voisins immédiats, at­tentifs à ne jamais laisser un verre vide. On peut soulever son verre au mo­ment où quelqu’un le remplit, sauf s’il s’agit d’un serveur ou d’un maî­tre d’hôtel.

 

Doit-on servir le vin en bouteille ou en carafe ?

 

Un vin millésimé et ancien se sert à la carafe car il a besoin d’être décanté. Cette opération consiste à l’aérer en ouvrant la  bouteille au moins une heure à l’avance, parfois davantage et à le verser doucement dans une carafe à décanter, qui se reconnait à son fond plat et large. Naturellement on ne rebouche pas la carafe. Les dépôts éventuels devront rester dans la bouteille.

Le maître de maison peut, s’il s’agit d’un grand vin annoncer le cru et l’année.    

 

A quelle température servir les vins ?

 

Chaque vin demande une température adaptée : 8° à 10° pour les blancs secs, 10° à 12° pour les blancs corsés, 14° à 16° pour les rouges légers, 16° à 18° pour les rouges corsés.

Servi trop froid, un vin ne dégage pas son bouquet. Trop chaud, il est « éteint ».

   

Dans quel ordre sert-on ses invités ?

 

Les femmes doivent être servies de vin par le maître de maison ou par leurs voisins.

En principe il en est de même pour l’eau (toujours en carafe ou en broc, mais jamais en bouteille sur la table).

 

Comment refuser du vin ?

 

Si on ne désire pas de vin, on refuse en disant «non merci», sans poser sa main sur son verre. Si on a accepté le vin servi et s’il s’agit d’un cru précieux, on ne quitte pas la table le verre encore plein.

 

Comment boire ?

 

On ne fait pas de cérémonie particu­lière pour boire : petit doigt relevé ou main en aile de pigeon. A contra­rio, on ne boit pas non plus goulû­ment  en ava­lant le liquide à grandes gorgées. Il est enfin peu élégant, dans un dîner, de « humer » le vin et de s’en garga­riser.

 

 

Doit-on essuyer ses lèvres après avoir bu ?

 

 Avant et après avoir posé ses lèvres contre un verre, on s’essuie la bouche afin de ne pas y laisser de trace d’aliment ou de rouge à lèvres. Le verre se tient par son galbe et non par son pied. Est-il enfin nécessaire de rappeler que même lors d’un dîner bien arrosé il faut savoir garder rai­son ? L’ivresse n’est jamais drôle. Elle éloigne irrévocablement de soi les relations.

 

(c) Marie-France Lecherbonnier

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20 août 2012 1 20 /08 /août /2012 20:29

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mflecherbonnier@hotmail.fr

 

PROTOCOLE BRITANNIQUE ET PROTOCOLE FRANÇAIS : deux univers opposés.

 

L’année  2012 a largement contribué à la représentation spectaculaire du Protocole au Royaume-Uni et en France : jubilée de la Reine Elizabeth II et élection du Président François Hollande. Les cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux Olympiques ont également mis en vedette la famille régnante à Londres.

Ces deux grandes démocraties n’ont absolument pas la même conception des préséances d’Etat, celles-ci étant attachées à la nature du régime,  République ou Royauté.

L’ordre des préséances français, tel qu’il existe depuis des décennies, a subi quelques modifications, les dernières datant de 1989, François Mitterrand étant au pouvoir et Michel Rocard dirigeant alors le gouvernement. Les préséances nationales incluent 63 rangs. Le président de la République se positionne à la première place, suivi du Premier ministre, des présidents des Assemblées, des anciens Présidents, des élus nationaux puis régionaux, des présidents des grands corps, des hauts magistrats, des hauts gradés de l’armée, des représentants des forces vives de la nation… C’est l’ordre républicain dans toute sa rigueur. Il exclut les communautés religieuses du fait de la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Bien entendu ni l’appartenance à tel ou tel sexe n’entre pas en ligne de compte, ni l’origine nobiliaire.

La hiérarchie britannique est tout autre.

L’ordre de préséance  est composé de 4  rangs principaux :

La famille royale

Les Archevêques et les Grands officiers de l’Etat

La Noblesse (Ducs, Marquis, Comtes, Vicomtes, Barons, Lords) et les Evêques

L’Aristocratie comprenant les Officiers Juridiques et les Juges supérieurs, les Officiels de la Cour, les secrétaires d’Etat du Cabinet, les chevaliers des ordres de la Jarretière, du Chardon et de Saint-Patrick, les Privy counsellors, et les baronnets.

L’ordre masculin compte plusieurs milliers de personnes. Le seul ordre des comtes comprend plus de 200 personnes, celui des baronnets 1100.

La famille royale se divise en deux branches, la branche masculine et la branche féminine. Les deux ont à leur tête le souverain (quel que soit son sexe)

Ensuite, dans la  branche masculine :

Le prince consort   (le duc d’Edimbourg)

Les fils du souverain

Les petits-fils du souverain

Les oncles du souverain

Les neveux du souverain

Les petits-fils du souverain précédent élevés au rang de duc

Les petits-fils du souverain précédent non élevés au rang de duc

 

Dans la branche féminine (après le souverain)

Les Reines douairières

Les belles-filles du souverain

Les filles du souverain  

Les belles-filles des fils du souverain

Les filles des fils du souverain

Les belles-sœurs du souverain

Les sœurs du souverain

Les tantes par alliance du souverain

Les tantes du souverain

Les belles-filles des frères du souverain

Les filles des frères du souverain

Les nièces par alliance du souverain

Les nièces du souverain

 

La fantaisie n’est pas de rigueur dans ce Gotha monarchique étroitement contrôlé par le Precedence Act et par les Acts of Union with Scotland and Ireland. Cependant le souverain a la possibilité d’intervenir par le biais d’un Royal Warrant of Precedence ou par une lettre patente.

La place du Prince consort est fixé par l’usage. Ainsi le duc d’Edimbourg prend place dans les cérémonies avant l’Héritier du Trône, le Prince de Galles , Charles, ce qui peut paraître une anomalie.

La Reine a élevé Camilla Parker Bowles, duchesse de Cornouailles, à la 4ème place derrière elle, sa sœur la princesse Anne et la princesse Alexandra . Ce qui n’a pas été sans soulever de multiples problèmes.

En effet Kate Middleton, duchesse de Cambridge et épouse du prince William, doit désormais faire la révérence non seulement devant les princesses de sang, Anne et Alexandra, mais aussi devant Camilia…  

Une Court Circular a placé le prince William de Galles avant ses oncles, ce qui, en contredisant l’ordre de préséance fixé par la tradition, n’est pas politiquement insignifiant.        

Il est à noter que le Premier ministre est actuellement relégué, derrière les Archevêques et derrière le Lord Chancelier, à la 15ème place.  

 

© Marie-France Lecherbonnier

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13 août 2012 1 13 /08 /août /2012 21:58

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LES MEDAILLES. Pour quelle raison attribue-t-on des médailles d’or, d’argent et de bronze aux lauréats de concours ?

 

Les Jeux Olympiques ont popularisé l’image du champion portant sa médaille en sautoir, l’or pour le plus valeureux, l’argent puis le bronze pour ses deux dauphins.

Le mot médaille s’introduit dans la langue française à la fin du 15ème siècle, provenant de l’italien « medaglia », dérivé lui-même du latin « metallum» (métal). La médaille désigne alors une pièce de métal circulaire frappée ou fondue en l’honneur d’un personnage illustre ou en souvenir d’un grand  événement. La proximité de l’objet avec la monnaie explique que les deux mots s’emploient souvent l’un pour l’autre pour désigner des pièces anciennes ou des monnaies antiques. La science qui étudie les unes et les autres s’appelle la numismatique et c’est aussi la même administration qui les gère sous l’autorité de l’Hôtel des Monnaies et des Médailles.

C’est en 1758 que l’on commence à distribuer des pièces de métal aux lauréats de concours et, surtout, d’expositions. Assez rapidement le mot médaille prend alors le sens de récompense, voire de distinction. A l’époque les lauréats ne sont pas des sportifs mais des poètes, des artistes et des manufacturiers. Les médailles d’or, d’argent et de bronze sont particulièrement appréciées par les industriels quand ils lancent un nouveau produit. Le sport n’a pas évincé aujourd’hui les médailles récompensant la production intellectuelle. La plus haute distinction dont puisse rêver un mathématicien reste la Médaille Fields. N’oublions pas non plus que Pierre de Coubertin a associé, lors des premières olympiades modernes, concours artistiques et épreuves sportives. Dans son esprit les deux, la tête et les jambes, étaient indissociables.

C’est en 1852 que la médaille pour hauts faits d’armes s’impose : à cette date est créée la médaille militaire « en faveur des sous-officiers et soldats les plus méritants et qu’on donne également aux généraux en récompense de service éclatants. » (Académie française)  De fait ce type de récompense était connu dès le 18ème siècle.  Voltaire rend compte d’une remise de médailles d’or à des officiers subalternes et de médailles d’argent à de simples soldats.

L’or, l’argent et le bronze sont les métaux précieux les plus réputés. Le cuivre est le grand oublié bien qu’il soit présent dans de nombreux alliages et contribue largement à l’histoire  des médailles et des monnaies.

Il ne faut pas confondre médaille d’or et médaille en or. La prestigieuse distinction  des Jeux Olympiques contient à peine deux grammes d’or en dépit de son poids en 2012, 400 grammes.

© Marie-France Lecherbonnier

  

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5 août 2012 7 05 /08 /août /2012 20:53

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LES SYMBOLES DES JEUX OLYMPIQUES. Rien de plus protocolaire que le déroulement des Olympiades. Quels sont l’origine et le sens de tous cet apparat : drapeau, podium, flamme, hymne…

 

A partir de quand les Jeux ont-ils commencé par le défilé des athlètes en tenue ?

A partir des jeux de 1908 à Londres.

A partir de quand a été  exécuté un hymne olympique ?

A partir de 1912, aux Jeux de Stockholm, pour observer une ancienne coutume suédoise qui exigeait également la prononciation d’une prière.    

 Quand a été créé le drapeau olympique ?

En 1920, lors des Jeux d’Anvers, les premiers après la Première Guerre Mondiale. Le drapeau aux 5 anneaux colorés et entrelacés  sur fond blanc symbolise les cinq parties du monde réunies par l’olympisme.  Il a été dessiné et présenté  par Pierre de Coubertin lui-même dès 1914. Contrairement à ce que l’on dit trop souvent ce n’est donc pas une réaction à la guerre mais une géniale anticipation.

Quand a été prononcé pour la première fois le serment olympique ?

Au Jeux d’Anvers en 1920.  Le texte était alors le suivant : « Nous jurons que nous nous présentons aux Jeux en concurrents loyaux, respectueux des règlements qui le régissent et désireux d’y participer dans un esprit chevaleresque pour l’honneur de nos pays et la gloire du sport. » Le mot « pays » sera ultérieurement remplacé par le mot « équipe » afin que des sportifs appartenant à des nations sous domination ne soient pas écartés des compétitions.    

Quand a été créée la devise des JO ?

« Citius, Altius, Fortius » veut dire « Plus vite, Plus haut,Plus fort ». Cette devise date de 1924 (8èmes Jeux, Paris). 

 

Quand apparaît la flamme olympique ?

En 1928, lors des jeux d’Amsterdam, dans le souci d’affirmer le lien avec les Jeux grecs. Les Anciens dédiaient la flamme à la déesse de la famille Hestia et à Héphaïstos.

Le relais de la flamme a débuté avec les jeux de Berlin en 1936. La flamme passe par toutes les villes qui ont accueilli les Jeux.

Quand apparaît le podium ?

En 1932 lors des 3èmes JO d’hiver de Lake Placid (USA).

Le podium antique consistait en un mur épais qui accueillait sur quatre rangs d’éminentes personnalités dans l’amphithéâtre. Le mot disparut pendant de longs siècles sauf pour désigner une console d’exposition pour des objets précieux et un motif architectural. Le sens actuel surgit en 1910 dans le vocabulaire sportif en honneur des vainqueurs au terme d’une compétition.  Le podium était souvent orné d’objets décoratifs et de fleurs. Il en reste quelque chose avec les bouquets distribués lors de la remise des médailles.

Quand a-t-on créé une mascotte pour les JO ?

En 1972, à Munich, avec Waldi le Teckel. La mascotte de 2004, Athena et Apollo, a créé la polémique. 

Pourquoi a été abandonné le lâcher de colombes ?

En 1988, à Séoul,  dix des malheureux volatiles se sont jetés dans la flamme où ils ont péri carbonisés.

Combien de temps dure l’exécution des hymnes nationaux ?

Une minute précise en 2012.    

 

© Marie-France Lecherbonnier

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29 juillet 2012 7 29 /07 /juillet /2012 17:44

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mflecherbonnier@hotmail.fr

 

LE FAIR PLAY ET LES JEUX OLYMPIQUES : le mariage du Sport et du Savoir-Vivre

 

Le mot « fair play », qui apparaît en France vers 1850, désigne d’abord le jeu loyal (« le franc jeu » pour reprendre l’équivalent français), c’est-à-dire l’acceptation complète des règles du jeu : Marcel Proust utilise le mot en ce sens lorsqu’il évoque les critiques faites à son époque par les Anglais aux Allemands considérés comme des spécialistes du « jeu incorrect ».

Au cours de la cérémonie des Jeux Olympiques un joueur, un arbitre et un entraineur rappellent solennellement les principes du sport digne et responsable.

Le sens de fair play  s’est élargi et enrichi. Il s’agit de se dépasser moralement, de  refuser le coup du sort favorable qui entacherait une victoire trop facilement acquise. Ainsi au cours du dernier tour de France a-t-on vu le peloton ralentir son allure dans l’attente de concurrents ayant fait une chute suite à un jet de clous sur la route. Autrefois les exigences étaient encore supérieures : lors des jeux de Los Angeles Lord Burghley, qui voulait éviter la fatigue du défilé d’ouverture, apprend que son concurrent principal a fait l’effort d’en être : il change d’avis afin de ne pas donner l’impression de profiter de la situation.     

C’est dans cet effort de dépassement de soi que le fair play  rejoint le savoir-vivre. Au-delà des règles de la compétition en existent d’autres qui relèvent de la courtoisie, de la politesse. Les sportifs de haut niveau parlent « d’esprit chevaleresque ». Ils rejoignent ainsi les intuitions de Pierre de Coubertin, le créateur des Jeux modernes : « Il importe  avant tout de conserver à l’athlétisme le caractère noble et chevaleresque qui l’a distingué dans le passé afin qu’il puisse continuer de jouer efficacement dans l’éducation des peuples modernes le rôle admirable que lui attribuèrent les maîtres grecs. L’imperfection humaine tend toujours à transformer l’athlète d’Olympie en un gladiateur de cirque. »

La réflexion de Coubertin se nourrit à juste titre de références historiques : les Romains maîtres du monde saborderont les Jeux Olympiques en y introduisant la tricherie : Néron s’attribua la victoire à l’issue d’une course de chars où il avait chuté…Aujourd’hui comme hier, l’olympisme est menacé par les mêmes fléaux. La lutte contre le dopage en est la preuve. Autre cancer : l’argent.

Hellénisme,  esprit chevaleresque : les valeurs évoquées font appel à des périodes de l’histoire où l’on croit à l’harmonie du corps et de la pensée. C’est la philosophie de l’esprit sain dans un corps sain. Les écrivains de la Renaissance sont les premiers à s’en faire les promoteurs. Montaigne et Rabelais préconisent l’exercice de la lutte qui renforce le courage, qui sollicite l’esprit de combativité et de décision, qui est empreinte de courtoisie dans la mesure où après avoir immobilisé l’adversaire on ne cherche pas à le blesser. Rabelais veut que Gargantua soit un bon nageur pour développer sa musculature et  s’échapper de toute situation difficile. Nombre de sports olympiques tirent leur origine des périodes héroïques : le sport équestre, le tir à l’arc, l’escrime… 

Ce n’est pas un hasard si le sport moderne est né dans des public schools anglaises où l’on voulait former des gentlemen capables de réussir des carrières  dignes et exemplaires.

©Marie-France Lecherbonnier

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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 09:32

 

 

mflecherbonnier@hotmail.fr

 

SEXISME ET SAVOIR-VIVRE. CE QUE REVELENT LES INSULTES PROFEREES PAR DES DEPUTES A L’ENCONTRE DE CECILE DUFLOT.

La plupart des commentaires ont tourné, à la suite des injures proférées à l’encontre de la ministre Cécile Duflot par une bande de parlementaires excités,   autour du code vestimentaire de l’Assemblée Nationale. On a cité le cas de Jack Lang insulté par Gabriel Kaspereit pour avoir arboré une veste Thierry Mugler à col Mao : « Habillez-vous comme les Français ! » …On aurait pu rappeler d’autres incidents plus significatifs : un élu breton en costume coutumier, un converti à l’Islam revêtu d’un burnous, un communiste en bleu de travail. Et que de temps fallut-il aux femmes pour avoir le droit de se présenter dans l’Hémicycle en pantalon !

Il est évident que le traitement affligé à Cécile Duflot est d’une autre nature. Il relève du machisme, du sexisme qui n’est rien d’autre qu’une variante du racisme. Cela s’était déjà manifesté à l’encontre de Simone Veil, littéralement trainée dans la boue lorsqu’elle porta la loi sur l’interruption volontaire de grossesse et envers Ségolène Royal, accueillie par un monstrueux « A poil, Ségolène ! » .

Ce que redoute l’homme installé, c’est que la femme se saisisse de tout ce qu’il pense faire sa supériorité, le pouvoir intellectuel, l’accès aux responsabilités. Il n’est pas inutile de rappeler à ce propos quelques grands moments de cette épopée encore inachevée.     

Les prémices de ce comportement masculin infantile sont à rechercher dans l’accueil réservé aux premières étudiantes admises, à l’articulation du 19ème et du 20ème siècle, dans l’enseignement supérieur. 

Deux mots reviennent en permanence dans la presse de l'époque pour évoquer l'arrivée des étudiantes à l'université de Paris et la rapide progression des effectifs féminins : « invasion » et « révolution ». Les femmes ont  d’abord « envahi » le  territoire de l’Université jusque-là réservé aux hommes, puis elles ont « révolutionné » les mœurs et l'éducation traditionnelle. Les grincheux sont légion, qui annoncent et espèrent un retour à la raison, une  heureuse «  réaction contre cette déviation désordonnée ».

Les premières étudiantes à l'université de Paris étaient en majorité de nationalité étrangère. Ce qui en soulignait d’autant plus la dangereuse altérité. Jusqu'en 1913 les étrangères sont  plus nombreuses que les Françaises. La plupart d'entre elles viennent de Russie, de Roumanie et de Pologne. Le gouvernement d'Alexandre III, qui avait d’abord laissé les femmes étudier, leur a fermé les cours de médecine à Saint-Pétersbourg ; les pogroms lancés contre les juifs en 1881 ont limité leur accès à l'Université. Les femmes issues de familles juives, à l’instar de leurs frères, ont émigré, pour s'instruire,  et se sont massivement  inscrites à Paris, alors considérée comme le centre de l'Europe intellectuelle !  Les Russes et les Roumaines ­ ­ représentent ainsi plus du tiers des étudiantes inscrites à l'université de Paris entre 1905 à 1913. Les clichés pleuvent : l'étudiante russe ou polonaise est pauvre et studieuse, l’anglaise ou l’américaine,  indolente et paresseuse . La française n’est pas mieux lotie : légère, frivole, inapte à la réflexion ou à l'effort, et bavarde 

La plupart du temps le règlement  interdit aux étudiantes de se présenter aux cours, les bras nus. Paul Sonday, professeur en Sorbonne, va encore plus loin : « Pas de femmes !... La science se fait entre hommes ! » . « Les dames n'entrent pas ! », clame l'huissier à la porte des amphithéâtres où professe le misogyne. D’autres enseignants exigent que les jeunes filles soient accompagnées d’un chaperon qui les suivra jusque dans les amphithéâtres. Une étudiante de l’époque  raconte qu’elle assiste aux cours à la faculté de Droit de Paris immanquablement flanquée de sa mère ou de son mari.

Les journaux contemporains répercutent les mêmes clichés. Ils insistent sur la nécessaire correction de la tenue vestimentaire. Ces recommandations  se résument à « Surtout pas de féminité ! » D’où l’image qui prend forme : l’étudiante a l’air revêche. Une étudiante ne doit pas être coquette,  encore moins élégante ; ces attributs sont réservés aux vraies femmes, celles qui restent à la maison. Être femme et étudiante semble incompatible. Un surnom est donné à la nouvelle femme savante : elle sera la « Cerveline »

Certains incidents sont restés dans les mémoires. En 1887, Blanche Edwards, première femme interne des hôpitaux en France, voit son effigie brûlée par ses compagnons d’étude.  À la Faculté de médecine  « les internes en chignon » sont longtemps discriminées. Ainsi sont-elles  regroupées à part dans l'hémicycle. Leur arrivée  leur vaut d’être bombardées de projectiles. Des « brouhahas » accompagnent l’apparition des étudiantes lors de  certains examens.

En 1930, Gustave Cohen, professeur à la Faculté des Lettres de Paris commente  dans les Nouvelles littéraires le phénomène nouveau qu'est l'entrée des femmes à l'Université : « Si on me demandait, quelle est la plus grande révolution à laquelle nous avons assisté de nos jours, depuis la guerre, je ne dirais pas que c'est la mode des cheveux coupés, et des jupes courtes, mais l'invasion de l'Université par les femmes, au point qu'on se demande avec inquiétude si, après avoir été jadis, nos maîtresses, elles ne vont pas devenir nos maîtres. »

© Marie-France Lecherbonnier

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  • Marie-France Lecherbonnier est  auteure, designer et conférencière. Elle anime des séminaires et formations continues en matière de Protocole et Savoir-Vivre en Europe, Asie et Afrique
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